COVID : LES RIGOLOS ET LES PAS-DRÔLES

Cela m’étonne souvent depuis que je m’active comme anthropologue de la santé de constater à quel point nous passons facilement pour des originaux, parfois des farfelus, et même (ce qui rassure le Suisse, qui aime avoir une case où ranger chaque personne) pour des provocateurs.
Alors que nous sommes aussi rigoureux et peu commodes qu’il est possible de l’être quand on en vient aux sujets sérieux, et à ce que nous étudions.
D’aucuns ont trouvé un peu cavalier la critique que j’ai faite du document « hydroxychloroquine » des HUG. Ce dont ils ne se doutent pas est que j’ai été en vérité plutôt indulgent : même dans la dernière version toute léchée de cet « avis », il subsiste au bas mot dix-sept erreurs, affirmations tendancieuses et incohérences au long des huit pages du document.
Le fait donc est que nous autres anthropologues sommes sérieux comme des huissiers de justice quand il s’agit de science (comme face à cette pseudoscience qui abonde dans le domaine et que les revues médicales elles-mêmes dénoncent comme une dangereuse imposture.) Et nous sommes pourtant souvent perçus comme des gens aux conclusions légères par des gens qui pensent en général de manière plus courte que nous.
par Jean-Dominique Michel, MSc anthropologie médicale, expert en santé publique, Genève