Dans son avancement, notre société commence à mieux prendre en compte le domaine des émotions. On reconnaît leur importance centrale dans notre vie, on propose des pistes pour les "gérer" tout comme l’on parle désormais couramment d'intelligence émotionnelle, décrite comme « la faculté d’identifier les émotions chez soi et les autres, d’en tenir compte pour agir et communiquer adéquatement».
Un neurologue célèbre a affirmé avec autorité que "Descartes s'est trompé[1]" en considérant l’émotion comme opposée à la raison. En fait, notre pensée (y compris dans ses modes les plus rationnels) est toujours pétrie de sentiments. Au-delà même de l’intelligence émotionnelle, l’émotion est en fait constitutive de l’intelligence tout court.
Notre culture oscille encore entre deux polarités antagonistes face aux émotions : celle tout d’abord d’une pudeur, d’une retenue, voire d’une répression. Pour lesquelles il y a quelque chose d’embarrassant ou d’immature à ressentir ou à montrer de l’émotion.
Celle ensuite d’une espèce de complaisance, mélange de sensationnalisme et de sentimentalisme, où, à l’inverse, on monte en exergue et cherche à provoquer, entretenir, diffuser de l’émotion. D’une manière qui tend à brouiller la qualité de l’analyse ou des choix d’action.
[1] L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, 1994
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